Annuaire gratuit Référencement Achat tableaux peintures Expositions Médias Bio Série Afrique Série Paysage Jack the Ripper Roswell Ali Baba Vache folle Aquarelles Encres Vénus Saint georges Restaurants Rats | ||||||||||
Tournages Paris-Berlin-Hollywood |
|||
|
Ces photographies nous font découvrir l’univers légendaire des studios et plateaux de tournage, à une époque où le cinéma était totalement artisanal et continuait d’inventer sa propre grammaire en se servant de la lumière. Paris, Berlin et Hollywood étaient trois capitales (les plus) importantes du cinéma, et il était courant que les cinéastes voyagent d’un pays à l’autre pour des raisons de tournage, ou émigrent définitivement du fait de contraintes historiques - en 1933, l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne. On sait que Fritz Lang, Billy Wilder, Ernst Lubitsch, Robert Siodmak et d’autres encore, émigrèrent, en passant parfois par Paris avant de rejoindre les Studios à Hollywood.
Ces photographies nous montrent le cinéma en train de se faire : accessoires, appareils, éclairages, costumes, décors, équipes techniques, stars et réalisateurs de l’époque. Chacune de ces photographies est une mine de renseignements sur le cinéma d’alors, sur son mystère et sa magie, tout en nous montrant l’envers du décor : le cinéma au travail.
Le cinéma était encore Muet, bientôt le Parlant arrive. La technique évolue mais l’atmosphère des tournages de cinéma demeure tout aussi mystérieuse et envoûtante. C’est ce que l’on ressent en regardant ces belles photographies où l’on reconnaît, entre autres, Griffith, Cecil B. DeMille, René Clair, Gance, Lang, Lubitsch, Sternberg, Chaplin, Laurel et Hardy, Erich von Stroheim, et beaucoup d’autres Maîtres du cinéma.
Serge Toubiana, Directeur général de la Cinémathèque française
Deux cents photographies rares et anciennes pour découvrir l’univers légendaire des studios et plateaux de tournage à une époque où Paris, Berlin et Hollywood étaient les trois capitales les plus importantes du cinéma.
A l’origine de l’exposition, il y a deux collections : celle de la Cinémathèque française (une photothèque de quelque 500 000 clichés) et celle d’un grand cinéphile collectionneur, Gabriel Depierre (1929-2004), composée d’environ 150 000 clichés et d’une importante bibliothèque de cinéma dont les revues, documents et périodiques furent acquis en 2008 par la Cinémathèque française. En 1951, il rencontra le grand photographe de plateau Roger Corbeau, dont il devint l’assistant. Fasciné par les actrices du cinéma muet, Corbeau avait déjà constitué une collection personnelle aujourd’hui conservée, comme ses propres oeuvres, par la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine Gabriel Depierre avait collectionné les photos de tournage parmi d’autres, en estimant cependant que quelque chose d’unique traversait ces clichés ou l’on voyait ensembles cinéaste et appareils, acteurs et machines. A sa mort, sa collection revint à son amie Isabelle Champion, historienne du cinéma, à qui il incombe désormais le soin de faire connaître la richesse de ce fonds.
Les premiers clichés représentant un tournage datent du milieu des années 1890, avant même l’avènement officiel du cinématographe Lumière. Des images nous montrent en effet Etienne-Jules Marey dirigeant ses sujets à partir de 1889, devant sa caméra chronophotographique et l’écran noir de la station physiologique du bois de Boulogne. Aux Etats-Unis, en 1894, des acteurs posent pour la postérité devant la caméra d’Edison, à l’intérieur de la célèbre « Black Maria », cet extraordinaire studio monté sur rails, installé dans le New Jersey. Curieusement, nous n’avons qu’une seule photographie de la première époque de Louis Lumière cinéaste : on le voit en train de filmer Jules Janssen en conversation avec le maire de Neuville-sur-Saône (juin 1895). La grande expansion du spectacle cinématographique durant les années 1900 donne naissance à une industrie gigantesque : usines de fabrication de la pellicule, laboratoires, studios, cinémas surgissent presque partout dans le monde. De nouveaux métiers apparaissent. Parmi eux, le photographe de studio.
Parmi les millions d’images de studio produites depuis les débuts du cinéma, il existe un genre moins abondant, plus intime et réservé : la photographie de tournage, c'est-à-dire les clichés, posés ou parfois pris en pleine action, montrant le cinéma en train de se faire, l’envers du cinéma, ses coulisses, la création de l’oeuvre, en quelque sorte, avec ses mystères, ses trucs. Rien n’est plus émouvant, mais aussi rien n’est plus instructif, que de voir l’équipe de Stroheim dans le désert, souffrir sous le soleil, pendant le tournage des Rapaces ou de pénétrer sur le plateau de Metropolis de Lang afin de comprendre le génie de ce cinéaste qui a joué, avec une virtuosité presque inégalée, sur la perspective, la lumière et la caméra mobile.
Dès les années 20, les Allemands et les Français sont courtisés par Hollywood qui, après des débuts hésitants, constitue le point de rassemblement des grandes "usines à rêves". Le star system fait des acteurs – Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Gloria Swanson, Charles Chaplin, etc. – de véritables icônes vivantes. Des cinéastes comme Abel Gance, Fritz Lang, F.W. Murnau, D.W. Griffith ou Erich von Stroheim rénovent en profondeur le regard cinématographique. Grâce à des moyens considérables, aux décorateurs, aux opérateurs, aux matériels, l’Art muet, cet "Infirme supérieur" selon les mots d’Eluard, atteint son apogée.
Les événements politiques en Europe ont accéléré les migrations. La montée au pouvoir du nazisme envoie cinéastes, techniciens et acteurs allemands de renom vers Hollywood, via parfois la France. Les héritiers de l’expressionnisme allemand et les nouveaux capitalistes hollywoodiens produisent, en une symbiose inattendue, des oeuvres bouleversantes.
Ces images sont enfin de précieux témoignages sur les relations privilégiées qui ont existé entre cinéastes et techniciens (Griffith et Billy Bitzer, Fritz Lang et Karl Freund, Murnau et Karl Struss, Stroheim et Hal Mohr, Chaplin et Rollie Totheroh, Gance, Burel et Kruger, etc.) ; la façon dont un réalisateur régnait sur le plateau : comme Cecil B. DeMille et Stroheim qui – fidèles à leurs légendes - semblent diriger en maîtres leurs tournages. Le plateau où travaille René Clair semble minuscule, mais favorise une ambiance pleine de ferveur. Les photos exceptionnelles prises pendant le tournage de La Roue d’Abel Gance révèlent une atmosphère de créativité intense et joyeuse. Un homme au bras coupé apparaît de temps en temps, mégot aux lèvres : c’est le poète Blaise Cendrars. Quant à Ernst Lubitsch, avec ses stars sublimes à ses côtés, il a l’air de bien s’amuser.
Grâce aux photographes célèbres ou anonymes qui nous ont transmis leurs oeuvres, on a ainsi la sensation de pénétrer au coeur même d.es studios, ces fabriques d’images où la caméra était considérée alors, avec un émerveillement réel, comme une « machine intelligente », selon l’expression de Jean Epstein.
Laurent Mannoni et Isabelle Champion, commissaires de l’exposition
Extraits du Catalogue de l’exposition. © Le Passage Paris-New York Editions, 2010.