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Yan Pei-Ming. Au nom du père

Article publié le 11/09/20 18:45

Musée Unterlinden, Colmar

Exposition du 2 avril 2021 au 6 septembre 2021

Au printemps 2021, le Musée Unterlinden à Colmar consacre une importante exposition à l'artiste Yan Pei-Ming, peintre contemporain mondialement reconnu pour ses tableaux de taille monumentale, souvent monochromes, brossés à large coups de pinceaux.



En écho au célèbre Retable d'Issenheim, chef-d'œuvre de ses collections, le musée présente une lecture inédite de l'œuvre de l'artiste Yan Pei-Ming dont l'esprit et le travail coïncident avec les thèmes de la filiation, du sacré et du sacrifice, traités par Grünewald cinq siècles plus tôt.

Cette exposition, intitulée "Yan Pei-Ming – Au nom du père", invite le visiteur à parcourir quatre décennies de la carrière du peintre. Elle rassemble de façon exceptionnelle en France plus de cinquante tableaux majeurs et une douzaine de dessins et aquarelles issus d'institutions publiques et de collections privées d'Europe et de Chine, ainsi que du fonds personnel de l'artiste.

À travers ce projet, Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef au Musée Unterlinden, propose une lecture intimiste de l'œuvre de Yan Pei-Ming. Elle s'intéresse notamment au regard que le peintre porte sur sa propre identité, son évolution stylistique et son rapport à l'art. Le parcours dominé par les portraits et les autoportraits évoque et interroge le rapport de l'artiste avec ses origines, de Mao jusqu'à la figure du père, sans oublier les « paysages internationaux » et ceux de Shanghai.

Un parcours réunissant plus de 60 œuvres, dont plusieurs jamais montrées au public



Dans la galerie du Musée Unterlinden (cabinet d'art graphique) qui relie le bâtiment ancien et l'extension contemporaine, l'exposition est introduite par un ensemble inédit de dessins de jeunesse de Yan Pei- Ming réalisé à la fin des années 1970 et au début des années 1980, issu du fonds privé de l'artiste. On y découvre notamment ses premiers autoportraits et un portrait de sa grand-mère (1976) ayant marqué les débuts de son histoire de peintre.

Le parcours de l'exposition "Yan Pei-Ming – Au nom du père" se développe ensuite de façon magistrale par la présentation des peintures monumentales de Yan Pei-Ming déployées sur les deux niveaux de l'Ackerhof (la nouvelle aile du musée, réalisée par le cabinet d'architecture Herzog & de Meuron). Six sections chrono-thématiques illustrent plusieurs sujets récurrents et emblématiques du travail de l'artiste.

L'accrochage débute avec la figure de Mao Zedong, le célèbre fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine. Sujet par excellence de la peinture de propagande chinoise au sein d'une tradition artistique qui méprise pourtant le portrait, Mao a été le premier sujet traité par l'artiste en Chine et celui qui l'a rendu célèbre en France au milieu des années 1980.

Le parcours se poursuit avec des portraits du père de l'artiste, longue série initiée au milieu des années 1990, où Yan Pei-Ming porte sur son père un regard mêlé d'intransigeance, de tendresse et d'empathie.

Il se poursuit avec des œuvres dédiées au motif de Bouddha. Image de dévotion prohibée par la Révolution culturelle, elle apparait chez Yan Pei-Ming à la fin des années 1990, détournée de sa fonction votive. L'image familière du bouddha de ses origines chinoises devient le symbole d'un syncrétisme culturel entre orient et occident.

La section suivante réunit ses premiers autoportraits, motifs abandonnés au début des années 1980 et qu'il reprend près de vingt ans après. Depuis, Yan Pei-Ming décline inlassablement ce thème et ne cesse de scruter son visage dans un dialogue, voire une confrontation, avec lui-même. Là où Andy Warhol mettait en scène et cultivait son image starisée, Yan Pei-Ming exécute des autoportraits empreints d'une charge émotionnelle et d'une évidente sincérité. Ce « moi vieillissant » reste un modèle permanent qu'il cherche à saisir dans son œuvre. A l'instar d'un Rembrandt ou d'un Picasso, le caractère récurrent de cette thématique révèle les effets du temps et trahit l'angoisse du peintre face à sa finitude.

Plusieurs paysages monumentaux sont également présentés dans l'exposition. Ce genre entre dans le corpus de Yan Pei-Ming sous le titre générique de Paysage international au milieu des années 1990. Ils obéissent à la leçon du all over des expressionnistes abstraits. De la même manière qu'avec ses portraits de Mao, l'artiste peint des paysages stéréotypés empruntant ses motifs à l'art populaire comme à la grande tradition de l'histoire de l'art et du genre du paysage.

L'exposition se poursuit au deuxième niveau de l'Ackerhof avec une section dédiée aux récents autoportraits de l'artiste. Dans la tradition des vanités et des memento mori, Yan Pei-Ming se représente aux différents âges de sa vie. Ses portraits, mis en regard de ceux de ses parents, composent un hommage émouvant et sensible renforcé par la présence de paysages qui contribuent au caractère contemplatif de cet espace.

Dans la dernière section de l'exposition, face au chaos d'un paysage de ruine, émerge l'imposant triptyque Nom d'un chien, un jour parfait ! (2012), première représentation en pied de Yan Pei-Ming, frontal, vertical, jaillissant de l'espace abstrait de la toile, comme un symbole de rédemption.

Enfin, une œuvre inédite de l'artiste, créée spécifiquement pour l'exposition du Musée Unterlinden et en écho à son chef- d'œuvre, le Retable d'Issenheim, clôture le parcours.



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