Avec Berthe Morisot à l'éventail (1874, Lille, palais des Beaux-Arts, dépôt du musée d'Orsay), ce petit panneau est l'unique portrait peint par Manet que Berthe Morisot possédait. Les deux œuvres figurent dans l'«Historique des tableaux d'Éd. Manet», que Berthe Morisot consigne dans un de ses carnets (carnet vert [a], Paris, musée Marmottan Monet) vers 1885-1886. Au no 10 de cet inventaire sommaire, Berthe Morisot décrit son «portrait en buste coupé d'un portrait en pied couché sur un canapé». Étienne Moreau-Nélaton tente une description du tableau tel que Manet l'avait initialement conçu et retrace les raisons qui ont amené le peintre à sacrifier une partie de la toile : Berthe Morisot «allongée sur un sofa étendait un de ses bras le long du dossier de son siège, et la robe noire que nous lui avons vu porter ailleurs s'agrémentait une fois de plus de bas blancs et de souliers roses. Mais l'ouvrage terminé, une faute grossière taquinait tellement son auteur qu'au lieu de corriger une main trop grande à son gré, il sabrait son ouvrage dans un mouvement d'humeur et ne gardait de la figure, amputée des jambes et d'un bras, que le buste et la tête, le reste se voyant impitoyablement sacrifié».