Exposition du 1er juillet 2020 au 27 septembre 2020
Le Grand Palais présente l'exposition Pompéi, une exposition immersive consacrée à la cité antique ensevelie lors d'une éruption du Vésuve en 79 après J.-C.
Pompéi est un livre auquel on ne cesserait de rajouter des pages. Chaque génération redécouvre son histoire et la réinterprète selon des méthodes et des approches sans cesse renouvelées. Depuis trois siècles, archéologues, artistes et visiteurs s’y rejoignent pour toucher du doigt une Antiquité que nulle part ailleurs on ne trouve si bien préservée. Les fouilles livrent des traces extraordinaires de la vie quotidienne telles que des bijoux, des sculptures, des poteries, comme autant de témoignages des vies brisées par l’éruption en 79 après J.-C.
Ces dernières années, de nouvelles fouilles ont été lancées dans le cadre d’un grand projet visant à sécuriser la zone inexplorée de Pompéi. Les objets extraordinaires exposés au Grand Palais sont en partie issus de ces nouvelles recherches. C’est dans ce contexte que des reconstitutions virtuelles ont été proposées. De grandes habitations raffinées sont sorties de terre, comme la Maison au jardin, ornée de fresques d’une grande qualité et de graffitis, la Maison de Léda, qui doit son nom à une fresque la représentant s’accouplant avec le cygne dans une sensualité toujours aussi suggestive et provocante, enfin la Maison d’Orion dans laquelle les archéologues ont mis au jour une extraordinaire mosaïque liée aux étoiles. Cette exposition immersive redonne vie à toutes ces découvertes et permet au visiteur d’assister à la plus grande fouille menée à Pompéi depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette expérience unique propulse le visiteur dans une rue de la ville ancienne. Pompéi, une fois de plus, devient une machine à remonter le temps capable de franchir les siècles.
POMPÉI, CITÉ ROMAINE
Pompéi est située sur un plateau formé par une coulée de lave, environ 30 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle surplombe la vallée du Sarno, fleuve dont l’embouchure accueillait un port dynamique. La ville est très ancienne. Certains monuments, comme le temple d’Apollon et le temple Dorique, témoignent de son existence dès la fin du VII? siècle et le début du VI? siècle av. J.-C. Elle s’étend sur 66 hectares, dont 44 ont fait l’objet de fouilles. Elle est entourée par un mur d’enceinte doté de treize tours et percé de sept portes. La ville est structurée par le tracé régulier que forment les rues pavées de basalte, et comprend de grands édifices publics, des habitations somptueuses et des espaces commerciaux. La vie publique et religieuse était centrée sur le forum, une vaste place dominée, à l’est, par le temple de Jupiter. La partie sud de la ville accueillait des bâtiments destinés aux spectacles, comme l’amphithéâtre où se produisaient les jeux des gladiateurs, le Grand théâtre et une palestre, le gymnase où était assurée la formation physique et culturelle des jeunes pompéiens.
LES FOUILLES
C’est Charles III d’Espagne qui lança à Pompéi la première campagne de fouilles en 1748. De cette date au milieu du XX? siècle, les deux tiers de la superficie originelle de la ville, environ, ont été mis au jour. En 2017, de nouvelles fouilles ont été organisées afin de sécuriser les abords des espaces encore inexplorés. Menées sur une zone en forme de biseau d’une surface de plus de 1 000 m², elles ont révélé des maisons raffinées, des rues et des tavernes. Pour la première fois, cette campagne a exploité les méthodes et les technologies les plus avancées, ce qui a permis de récupérer de nombreuses informations qui auraient autrefois été perdues. Dans le cadre de ce vaste projet multidisciplinaire, les archéologues ont en effet pu travailler main dans la main avec un archéozoologue qui a déterminé le régime des habitants, un archéobotaniste qui a étudié les espaces verts, un anthropologue qui a examiné les restes des victimes en ayant également recours aux analyses ADN, et des volcanologues qui ont étudié les caractéristiques de l’éruption. Les fresques et les objets retrouvés ont été restaurés et les interventions réalisées systématiquement documentées.
LES DÉCOUVERTES
Les dernières fouilles fournissent des indices sur la vie des habitants de Pompéi avant l’éruption du Vésuve, à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs maisons, et permettent d’affiner les connaissances sur la ville et ses habitants. Elles ont révélé des rues, des maisons et des tavernes. Les façades conservent souvent de grandes inscriptions en lettres rouges ou noires, lointains témoins d’une propagande électorale dynamique. Dans l’atrium de la Maison au Jardin, une inscription au fusain semble confirmer que l’éruption s’est produite à l’automne 79 et non le 24 août, comme on le pensait jusque-là. Les habitations étudiées ont révélé des peintures murales et des décors au sol exceptionnels, comme les mosaïques de la Maison d’Orion, un unicum racontant un mythe complexe lié aux étoiles, dont on ne connait pas d’autres exemples. Aux côtés des restes de vaisselle, ces ensembles permettent de reconstituer le cadre de vie d’une certaine société pompéienne au Ier siècle ap. J.-C.
LES FRESQUES
Le grand nombre de fresques retrouvées sur les murs des maisons de Pompéi représente non seulement une opportunité unique d’étudier la peinture dans le monde romain et de suivre son évolution dans le temps, mais aussi l’occasion de découvrir tout un langage de symboles et d’images qui permettait aux habitants d’exprimer leur identité culturelle. Durant la seconde moitié du XIX?, August Mau a classé les styles présents à Pompéi en quatre catégories. Le premier style (du II? siècle av. J.-C. à 80 av. J.-C.) employait le stuc pour imiter les dalles de marbre des demeures grecques. Le deuxième style (de 80 av. J.-C. à 20 av. J.-C.) fait place à la représentation en perspective d’ensembles architecturaux et aux paysages qui semblent ouvrir la paroi sur l’extérieur. Le troisième style (de 20 av. J.-C. à 50 ap. J.-C.) abandonne cette profondeur et privilégie des parois monochromes ornées d’éléments décoratifs et de petits tableaux représentant des thèmes mythologiques. Le quatrième style (de 50 à 79 ap. J.-C.), enfin, expérimente des formules éclectiques et innovantes, riches de contrastes chromatiques et de références au deuxième et du troisième style.
L’ÉRUPTION DU VÉSUVE
Le 24 août ou, comme le suggèrent les dernières découvertes, le 24 octobre, le Vésuve entra en éruption après huit siècles de sommeil. En à peine plus de 30 heures, il déversa sur Pompéi et les alentours environ 4 km³ de pierres ponces et de cendres.
D’après le récit qu’en donna Pline le Jeune dans une lettre adressée à l’historien Tacite, une série de tremblements de terre se produisit dans les jours précédant la catastrophe, sans pour autant préoccuper les communautés vivant au pied du volcan. Les habitants ne comprirent ce qu’il se passait qu’au début de l’éruption, vers 13 heures. Le volcan expulsa un nuage de gaz et de pierres ponces qui atteignit les 32 km de haut et obscurcit le ciel, tandis qu’une pluie de lapilli s’abattait sur la ville, formant une couche de trois mètres d’épaisseur et provoquant l’écroulement des toits. À partir du lendemain matin, la ville fut envahie par les nuées ardentes, des nuages de cendres et de gaz avançant à la vitesse de 100 mètres par seconde. Les étages supérieurs des habitations furent détruits et les habitants encore présents trouvèrent la mort. Une fois la furie des éléments retombée, Pompéi avait radicalement changé d’aspect : la ville tout entière était recouverte d’un manteau blanc.
LES MOULAGES
La nuée ardente, un nuage de cendres et de gaz portés à des températures extrêmement élevées, envahit Pompéi à une vitesse époustouflante, ravageant tout sur son passage et provoquant la mort immédiate par choc thermique des derniers habitants encore présents. Les corps des victimes furent donc recouverts de cendres et figés dans la position exacte de la mort. En se solidifiant, les cendres volcaniques forment le matériau cinéritique qui conserva sa forme après la décomposition des restes organiques. En 1863, Giuseppe Fiorelli, le directeur des fouilles, mit au point une technique permettant de garder la trace de ces corps. Après avoir coulé du plâtre liquide dans l’espace vide laissé par le corps humain décomposé et l’avoir laissé durcir, il suffisait de retirer le matériau environnant pour obtenir le moulage de ces témoins uniques de la tragédie survenue en 79 ap. J.-C.
LA VIE QUOTIDIENNE
L’éruption de l’an 79 a interrompu et figé la vie de Pompéi. Depuis plus de trois siècles, les archéologues
y exhument ainsi des témoignages extraordinaires de la vie quotidienne dans une ville romaine au Ier siècle ap. J.-C. De l’alimentation aux bijoux, du goût pour les jardins aux espaces domestiques et des fontaines érigées le long des rues aux bâtiments publics, le site regorge d’informations qui permettent de saisir la vie effervescente des pompéiens au moment de l’éruption. Un four contenant encore 81 miches de pain a été découvert, des ustensiles de cuisine ont révélé des restes de repas en cours de préparation, comme des légumes, des oignons et des pains (pultes). Les récipients en terre cuite permettaient de stocker des dattes importées d’Orient, des noix, des olives et des amandes. Le tissu urbain de la ville, entièrement préservé, se composait d’édifices publics et privés et comptait un grand nombre de thermopolia (cabarets) et de cauponae (tavernes), de lieux destinés à la consommation de vin et de repas chauds – une sorte de fast food antique, pour ainsi dire. En parcourant les rues de la ville, on relève la présence de grandes inscriptions en lettres rouges ou noires sur les murs. Ce sont des traces de la propagande électorale de l’époque qui nous parlent avec force de la manière dont on vivait dans une ville antique.
LES DÉCORATIONS DE LA MAISON
Ces panneaux faisaient partie de la décoration d’un précieux meuble en bois. Tout comme d’autres objets en bronze et en verre d’un grand raffinement, ils ont été retrouvés dans le salon de la maison de Marcus Fabius Rufus et témoignent de la magnificence des intérieurs pompéiens les plus riches. Ils ont été réalisés à l’aide d’une technique d’une grande complexité répandue à l’ère impériale : le verre camée, qui consiste à travailler des couches superposées de verre blanc et bleu. La couche blanche, située sur le dessus, était sculptée jusqu’à ce que le relief se détache sur le fond bleu.
LES BANQUETS DE POMPÉI
Les banquets occupaient une place cruciale dans l’organisation sociale du monde romain parmi les couches supérieures de la population. Bien plus que de simples repas partagés, ils constituaient une occasion pour tisser ou consolider les liens économiques et politiques. La vaisselle contenant les aliments et le vin était plus ou moins précieuse en fonction des ressources du foyer. De par son raffinement, ce cratère de bronze est un unicum, un cas unique dans la production locale. Il est orné de huit figures masculines armées. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer le mythe représenté. Il s’agirait peut-être du repos des Argonautes ou, plus probablement, de la chasse au sanglier de Calydon, créature de la mythologie grecque qui ravageait la région du même nom.
LE PLAISIR DES JARDINS
Sous l’influence des grandes demeures grecques, les maisons pompéiennes s’enrichissent, à partir du II? siècle av. J.-C., de grands jardins ornés de sculptures, de fontaines et de haies. Les pièces de la maison destinées à la réception s’ouvrent sur ces espaces verts. Des sculptures de marbre viennent enrichir les parterres géométriques : de petits pilastres ornés de motifs végétaux, des plaques votives (pinakes), des termes, des éléments à suspendre entre les colonnes du portique (oscilla) et des masques contribuaient à la création d’un microcosme imaginaire. L’univers dionysiaque était très présent, voire constituait le thème exclusif du jardin.
LES ROMAINES ET LA BEAUTÉ
La femme romaine accordait une grande attention à sa beauté et aux soins du corps. Afin d’encadrer et de mettre parfaitement en valeur les traits du visage, le maquillage et les coiffures étaient soigneusement choisis, et agrémentés de rubans, de perles, de diadèmes et des boucles d’oreilles dorées. L’habillement n’était pas en reste : tuniques, étoles et manteaux en tissus raffinés étaient parfois complétés par une ceinture d’étoffe, des accessoires luxueux, de fastueux bijoux en or et des pierres précieuses telles que l’émeraude et les perles.
UNE FONTAINE LE LONG DE LA RUE DU VÉSUVE
Les dernières fouilles menées le long de la rue du Vésuve ont mis au jour une fontaine adossée à un mur délimitant le jardin ou la cour d’une maison encore inexplorée. La partie centrale de la fontaine était ornée par cette mosaïque aux tesselles minuscules (vermiculatum) représentant Dionysos et Ariane. Une statuette de marbre représentant un lièvre ou un lapin était posée sur le bord de la fontaine. Recroquevillé sur lui-même, l’animal mange des fruits, peut-être des grains de raisin, posés dans un panier qu’il tient entre ses pattes.
LES OBJETS DE BRONZE DU QUOTIDIEN
Les dernières fouilles dans le quartier du Cuneo ont mis au jour de nombreux objets du quotidien en bronze. Deux balances romaines de dimensions différentes ont été retrouvées dans la Maison d’Orion. Sur les bras de ces outils pratiques et faciles à manipuler, des incisions indiquent l’unité de poids et ses subdivisions. Un poids de plomb en forme d’amphore et recouvert d’une feuille de bronze est encore suspendu à l’une des deux balances.
Un débarras situé sous un escalier de la Maison de Léda donne un aperçu de la vie quotidienne : il abritait des vases en céramique, en bronze et en verre, dont ce broc en bronze à l’anse ornée d’une figure masculine.
LES PARFUMS ET LES ONGUENTS AU IER SIÈCLE AP. J.-C.
Des objets renvoyant à l’univers féminin ont été retrouvés dans une petite pièce de la Maison d’Orion. Il s’agit d’un petit miroir circulaire doté d’un manche en bronze, d’une pincette en bronze et d’une pyxide, une petite boîte dont le contenu, des baies et de la résine de lentisque probablement utilisées à des fins thérapeutiques, a été préservé. La petite cuillère en os permettait de prélever les essences et les crèmes dans les pyxides ou de mélanger et préparer les cosmétiques. Les balsamaires en verre contenaient quant à eux des huiles et des essences parfumées, des baumes ou des onguents.
UN TRÉSOR D’AMULETTES
Les fouilles menées près de la Maison au Jardin ont permis de découvrir une petite caisse en bois et en bronze comprenant des perles et des pendentifs en ambre, en faïence, en cristal de roche, en corail, en os et en pâte de verre aux formes très diverses. De nombreux pendentifs étaient modelés avec soin. Au vu de la valeur symbolique des sujets représentés, ils servaient probablement d’amulettes pour se protéger des maladies, des mauvais auspices et des influences néfastes de tous types. Il était possible de les porter comme bijoux ou ornements, mais aussi de les coudre sur les habits ou de les placer dans des sachets ou des contenants spécifiques, des bullae.
LA MUSIQUE
La musique faisait partie intégrante des évènements sociaux et culturels du monde romain. Les instruments à vent et à cordes et les percussions accompagnaient les fêtes publiques, les cérémonies religieuses et les parades militaires, dont ils donnaient le rythme. Les dernières fouilles ont révélé deux flûtes en bronze et en os composées de multiples parties cylindriques emboîtées les unes dans les autres. Il semble s’agir de tibiae pares, des flûtes de même longueur utilisées surtout au cours des rites officiels de la religion romaine.
LIVIE
Cette statue représente Livie, l’épouse de l’empereur Auguste, dans la tenue austère d’une prêtresse. Son corps est drapé dans un manteau et sa tête est recouverte d’un voile. Des traces de polychromie sont visibles : de la peinture brune pour les pupilles, du blond pour la chevelure et du pourpre pour la veste et au coin des lèvres. La statue se trouvait dans un espace de la Villa des Mystères déstiné au culte de la famille impériale.
VÉNUS SUR SON CHAR
La fresque a récemment été extraite de l’atelier des Feutriers, qui donne sur la principale rue de la ville, la voie de l’Abondance. Debout sur un quadrige en forme de proue de navire traîné par quatre éléphants, la déesse Vénus tient un sceptre et un gouvernail à la main. Elle est accompagnée par un Amour avec un globe.