"Ce sont les couleurs en tube qui nous ont permis de peindre complètement sur nature. Sans les couleurs en tubes, pas de Cézanne, ni de Pissarro, pas ce que les journalistes devaient appeler l'impressionnisme." Pierre-Auguste Renoir
L'impressionnisme consiste à saisir les impressions visuelles fugaces de l'instant présent, sans se préoccuper des règles admises jusqu'alors. Il ne s'agit plus, à l'instar des peintres classiques, de peindre une nature idéalisée ou irréelle mais de fixer l'éphémère, de capturer la lumière changeante et les impressions qu'elles produisent, de chercher l'émotion. C'est en cherchant à répondre à ces questions que les impressionnistes créent une nouvelle manière de peindre. Le paysage prend le pas sur tous les autres genres picturaux. Les peintres travaillent "sur le motif", en plein air, directement au milieu de la nature.
C'est le journaliste Louis Leroy qui est l'inventeur, bien malgré lui, du terme "impressionnisme" lors de l'exposition indépendante rassemblant entre autre Monet, Sisley, Degas, Pissarro, Cézanne, Berthe Morisot et Renoir dans l'atelier prêté par le photographe Nadar le 15 avril 1874. A l'époque, il ne s'agit pas d'un compliment mais d'une raillerie face à la toile de Monet Impression, soleil levant. Dans le quotidien Le Charivari du 25 avril, le critique intitule son article "L'exposition des impressionnistes" et s'acharne sur le tableau de Monet : "Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans..."
Le terme est né, accepté et repris par Monet et ses amis lors des expositions suivantes qui se succèdent jusqu'en 1886. Mais l'exposition de 1874 fait scandale. Les peintres sont accusés de ne donner qu'une "esquisse", une première "impression". Le public de l'époque habitué à voir des peintures "achevées", dans lesquelles on ne voit ni traces de pinceaux, ni matière accidentellement disposée, est déstabilisé. En outre, les couleurs utilisées sont jugées trop claires par rapport à celles utilisées à l'époque. En peignant davantage ce qu'ils ressentent plutôt qu'une représentation fidèle de la réalité, les artistes s'éloignent de la peinture académique de l'époque et choquent ! Monet devient le chef de file du mouvement mais il faudra encore une dizaine d'années pour qu'il sorte des diffcultés et soit reconnu comme un artiste majeur.
Techniques nouvelles et découvertes scientifiques au service de la peinture impressionniste
La peinture en tube :
Autrefois, les peintres fabriquaient eux-mêmes leurs couleurs avec de l'huile et des pigments colorés qu'ils conservaient dans de fragiles flacons en verre ou des vessies de porcs qui éclataient souvent. L'invention des tubes de peinture en métal souple, brevetée en 1842 par une société anglaise, rend possible la peinture de plein air. Les couleurs sont plus facilement transportables, ne sèchent pas trop vite à l'air libre, offrant aux peintres une liberté de mouvement nouvelle. Les marchands d'art proposent des équipements portables : chevalets pliables et toiles de petits formats.
La photographie :
Certains aspects de la photographie tels que le cadrage, le net et le flou influencent les œuvres des peintres. Et puisque la photographie permet de rendre la réalité dans ses moindres détails, les peintres se sentent libérés de cette contrainte. Ils explorent d'autres sujets, d'autres façons de peindre.
Le chemin de fer :
Son développement rend les déplacements plus faciles, les peintres peuvent se rendre sur les bords de Seine, en Normandie, etc.
L'apport de la science et les couleurs :
Les recherches sur la diffusion de la lumière, son action sur la matière et ses conséquences dans les représentations picturales sont au cœur des enjeux de la peinture du XIXème siècle. En 1839, le physicien Eugène Chevreul publie son ouvrage "De la loi du contraste simultané des couleurs". Sans toutefois les appliquer à la lettre, les peintres impressionnistes sont influencés par les études et les expériences de Chevreul. Monet et ses confrères emploient les couleurs selon la technique dite du mélange optique : deux couleurs pures, directement sorties du tube, sans mélange préalable, sont juxtaposées sur la toile, de manière à garder des couleurs éclatantes, lumineuses. C'est l'œil du spectateur, qui à une certaine distance, recompose la couleur voulue par le peintre. Ainsi, un violet obtenu en mélangeant du bleu et du rouge perdra en luminosité tandis qu'obtenu par petites touches juxtaposées, il gardera tout son éclat. Ils appliquent également la loi du contraste simultané des couleurs qui démontre que toute couleur perçue appelle sa complémentaire accentuant dans l'œil du spectateur la sensation d'un éclat lumineux, d'un renforcement mutuel. En outre, chaque surface peinte est une surface colorée, les ombres ne sont plus noires mais violettes, les blancs ne sont plus purs.
Si Monet et les impressionnistes avaient un usage plus libre et intuitif des lois du contraste des couleurs, les néo-impressionnistes en revanche, tels Pissarro, Seurat ou Signac, les appliqueront de façon systématique. En découle la peinture dite "pointilliste" ou "divisionniste".
Expositions sur le thème de l'Impressionnisme (sélection)