Hokusai naît à Edo en 1760. L'actuelle capitale du Japon est alors en pleine croissance, théâtre du développement d'une véritable culture populaire de l'image. Si l'on sait peu de choses sur la jeunesse de l'artiste, on pense qu'il commença à graver des planches pour la fabrication des estampes à l'âge de quinze ans. Entré en 1778 dans l'atelier de Katsukawa Shunsho, célèbre pour ses portraits d'acteurs de kabuki, Hokusai entreprend alors une carrière de dessinateur sous le nom de Katsukawa Shunro. Les quinze ans qu'il passe au sein de l'école Katsukawa sont d'intenses années de formation. Il réalise alors des estampes commerciales à bon marché, portraits d'acteurs, de jolies femmes, de guerriers célèbres, illustrant par ailleurs divers types de livres imprimés. Temps d'apprentissage, la période Shunro n'en reste pas moins riche et contrastée ; Hokusai se révèle sensible à l'influence de dessinateurs de différentes écoles et, changeant déjà de signature à plusieurs reprises, élabore peu à peu un style personnel.
À compter de 1810, Hokusai se consacre à un genre nouveau, celui des manuels de peinture. Suivi par un nombre croissant d'admirateurs dispersés dans tout le pays, sollicité par des disciples de plus en plus nombreux, l'artiste commence alors à concevoir des manuels à l'usage des jeunes artistes, qui peuvent par ailleurs faire office de recueils de modèles pour les artisans. Les Hokusai manga, qui doivent ce titre synonyme de « dessins variés » à l'artiste lui-même, sont publiés à partir de 1814. Ils constituent une prouesse dans le genre, rassemblant plus de trois mille neuf cents dessins d'une étonnante variété, allant de la description des mœurs urbaines à d'inattendues légendes ou encore au monde des religions : ils apparaissent encore aujourd'hui comme une encyclopédie du vivant et de la vie quotidienne du Japon de l'époque d'Edo. Manuels d'apprentissage, recueils de modèles, les Manga deviennent également un objet de délectation. Maintenue à un rythme irrégulier pendant de longues années, la publication de l'ensemble s'achève en 1878, avec la parution posthume du carnet 15.