Fantasmagorie, les lanternes de peur entre science et croyance
Article publié le 15/08/20 18:55
Musée Alsacien, Strasbourg
Exposition du 30 octobre 2020 au 8 février 2021
Apparue au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, la fantasmagorie naît de la convergence des avancées techniques et scientifiques et de la vogue du romantisme noir. Cette exposition permet de revenir sur la genèse, l’histoire et la postérité de ces spectacles qui, durant plusieurs décennies, ont fait frissonner le public européen.
La fantasmagorie désigne un spectacle de projection de figures lumineuses animées dans l'obscurité, simulant des apparitions surnaturelles. Les premiers spectacles de fantasmagories naissent à Paris à la toute fin du XVIIIe siècle. Techniquement, ils utilisent le dispositif optique des lanternes magiques connu depuis le XVIe siècle. Artistiquement, ils s’inspirent de l’atmosphère fantastique du roman gothique, ses décors de châteaux ou d’abbayes en ruine et ses cortèges de fantômes. Créée probablement par Paul Philidor en 1793, la fantasmagorie prend son essor grâce au physicien belge Étienne-Gaspard Robert, dit Robertson, qui en fait une véritable attraction dès 1798. À partir de 1860, l’effroi laisse place au divertissement chez les spectateurs de fantasmagories, qui perdent peu à peu leur attrait.
Installée dans les salles du parcours permanent, l’exposition tire parti de l’ambiance du musée tout en déployant une scénographie originale, immersive et interactive. Estampes, affiches, articles de presse et ouvrages illustrent la genèse des fantasmagories, la figure du fantasmagore, et dévoilent les secrets techniques à l’œuvre : plaques de lanterne magique, appareils et instruments, parfois rarissimes. Le parcours s’attache en particulier à présenter les sources historiques, iconographiques, artistiques à l’origine de ce phénomène qui touche toute l’Europe entre 1790 et 1860. Il permet enfin de découvrir les innovations scientifiques et techniques mobilisées par les fantasmagores, ouvrant la voie à l’invention du cinéma à la fin du XIXe siècle.
L’exposition s’appuie sur un ensemble de plaques de fantasmagories donné au Musée Alsacien en 1928. Ce fonds est complété par des prêts issus des collections de référence sur la question des lanternes magiques et du pré-cinéma : Cinémathèque Française (Paris), collection François Claire Martin Arthur Binétruy, Musée Paul-Dupuy (Toulouse), Musée Unterlinden (Colmar). Les institutions strasbourgeoises sont également partie prenante : Cabinet des Estampes et des Dessins, Musée d’Art moderne et contemporain, Bibliothèque des Musées, Archives Municipales, les bibliothèques universitaires (Bnu et Alinéa), Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg.
Cette exposition est présentée dans le cadre du partenariat engagé depuis 2016 avec le Festival européen du film fantastique de Strasbourg, et donne lieu à une nouvelle édition de l’événement immersif et effrayant de la Grüselnàcht le 31 octobre 2020.