Vivian Maier
Article publié le 01/02/20 21:41
Musée du Luxembourg, Paris
Exposition reportée
Initialement prévue du 10 mars 2021 au 4 juillet 2021, l'exposition Vivian Maier est reportée à une date ultérieure.
Une exposition consacrée à Vivian Maier est prévue au Musée du Luxembourg à Paris.
Fille d'immigrés d'origine austro-hongroise du côté de son père, Charles von Maier, et française du côté de sa mère, Maria Jaussaud, Vivian Maier (1926-2009) exerce le métier de gouvernante d'enfants à New York puis à Chicago, au début des années 50 et jusqu'aux années 90.
Toute une vie passée inaperçue, jusqu'à la récente découverte, en 2007, de son corpus photographique : un oeuvre imposant, dense, lumineux et brillant, constitué de plus de 120 000 images photographiques, de films super 8 et 16mm, d'enregistrements divers, de photographies éparses, et d‘une multitude de pellicules non développées, comme autant de trouvailles subjuguantes. Cette passion qui l'habite et qui deviendra une certitude, l'élève aujourd'hui au rang des plus grands photographes emblématiques de la Street Photography, et la fait figurer dans l'Histoire aux côtés de Diane Arbus, Robert Frank, Helen Levitt ou Garry Winogrand.
On retrouve dans l'ensemble de l'oeuvre de Vivian Maier des thématiques récurrentes, qui agissent comme des pondérations et équilibrent son architecture générale, définissant d'emblée et dès ses premières images, un vocabulaire, une syntaxe, un langage.
Son langage, celui-là même avec lequel elle racontera son temps.
Les scènes de rue, son théâtre de prédilection, et les quartiers ouvriers, là où elle rencontre la vie, constituent l'une des thématiques de son oeuvre. Ce sont ainsi de nombreux portraits d'inconnus et de personnes auxquels elle s'identifie, et à qui elle délivre une fraction de seconde d'éternité en croisant leurs regards, et qui laissent apparaitre un geste, une expression, une situation, la grâce des petites choses accessibles.
Et puis il y a l'univers des enfants qui a été le sien durant si longtemps, et qui est aussi le monde de la liberté où le temps n'existe plus. Elle s'attache aussi aux formes, aux rythmes, aux matières, comme des objets trouvés au détour de ses longues promenades. En noir et blanc, et puis à partir des années soixante, la musicalité des couleurs, jouant de ses spécificités, apporte une variation à sa pratique photographique. Elle s'essaiera au cinéma, avec sa caméra super 8 ou 16mm comme une tentative de ne plus précipiter le temps mais plutôt de s'installer dans la temporalité de son regard. Ce que Vivian Maier filme, ce n'est pas une scène, ce sont les déplacements de son regard dans l'espace, à la recherche de l'image photographique.
Vivian Maier « empoignait la vie qui était partout où elle portait son regard. Elle la saisissait par petites séquences, elle l'observait, elle la suivait. Elle l'attendait aux passages où elle hésitait, elle la rattrapait là où elle courait et où que ce soit, elle la trouvait partout aussi grande, aussi puissante et entraînante ». Rainer Maria Rilke / Auguste Rodin, 1902
L'exposition du Musée du Luxembourg, s'articulera selon ces grands axes thématiques, et réunira environ 120 photographies, dont des tirages originaux et des oeuvres inédites.
En effet, grâce au concours exceptionnel de l'Estate de Vivian Maier dans le cadre de cette exposition, le public accèdera pour la première fois à des archives inédites de la photographe. Seront alors confrontées de nouvelles analyses scientifiques, en mettant en regard plusieurs aspects de sa création par l'apport d'éléments inédits dans l'exposition. Ces éléments permettront d'effectuer des rapprochements et des correspondances entre des photographies vintages que Vivian Maier a pu tirer et de nouveaux films super 8 et 16mm, des enregistrements audio qui apporteront un éclairage important sur sa pratique, et un documentation originale telle que notes, articles de presse découpés, livres et catalogues d'expositions qui lui appartenaient et qui montrent d'une part ses intérêts, et d'autre part de possibles influences dans son travail. Seront également présentés des objets personnels de l'artiste, témoins de son univers (appareils photographiques notamment).
Le propos de cette exposition est donc de tisser ces éléments entre eux et ainsi de reconstruire et de présenter au public, non seulement la partie visible de l'oeuvre, mais aussi son archéologie.