Initialement prévue du 25 mars au 13 juillet 2020, l'exposition Soleils noirs organisée par le musée du Louvre-Lens débute le 16 juin 2020 en raison de la crise sanitaire du coronavirus. L'exposition est prolongée jusqu'au 25 janvier 2021.
Le noir revêt une dimension sociale. Considéré comme couleur de la salissure et de la faute par les sociétés chrétiennes, le noir va progressivement changer de statut pour devenir un symbole de puissance. Le coût élevé des procédés de teinture qui se développent au 15e siècle et permettent la création de textiles aux noirs éclatants en font un attribut réservé aux hautes strates de la société, qui n'hésitent pas à se faire portraiturer vêtues des étoffes les plus raffinées. Au 19e et 20e siècles, sous les doigts experts de grands couturiers comme Jeanne Lanvin ou encore Yohji Yamamoto, le noir acquiert ses titres de noblesse, avant de se diffuser à grande échelle et de devenir le symbole de l'élégance et de la modernité. Le noir des velours, satins et autres dentelles, qu'il soit représenté par les artistes comme Edouard Manet ou sublimé au travers de créations textiles, est un hommage chatoyant à l'éclat du coloris. À l'opposé du luxe des vêtements teints en noir, les peintres donnent aussi à voir la crasse qui noircit les haillons et la peau des nécessiteux. Alors que de profonds changements d'ordre politique affectent au 19e siècle les classes sociales les plus vulnérables, le noir de la rue est choisi par les artistes pour montrer les aspects les plus crus des sociétés modernes et des catégories les plus défavorisées.