Réconciliations. Henri IV et Rome (1589 - 1610)
Article modifié le 07/07/20 17:29
Musée national et domaine du château de Pau
Exposition du 18 juillet 2020 au 18 octobre 2020
"Un vent de réconciliations souffle sur l’Europe politique des années suivant le retour d’Henri IV dans le giron de l’Église romaine le 17 septembre 1595 : traités de paix conclus entre la France et l’Espagne à Vervins le 2 mai 1598, à Lyon le 17 janvier 1601 entre la France et la Savoie, compromis négocié par l’entremise du roi de France dans le conflit opposant le pape Paul V à la république de Venise (21 avril 1607), trêve de douze ans signée aux Pays-Bas en avril 1609, sous l’influence du Bourbon. Sans oublier en France, sur d’autres terrains, l’édit de coexistence confessionnelle d’avril 1598, dit de Nantes, ou le retour en grâce des jésuites dans le royaume en 1603… Réalités diplomatiques et contractuelles diverses dont la traduction figurée, quoique très inégale, inspire commandes et artistes." Réconciliation à la romaine : un geste et ses sources (vers 1595-1610) par Paul Mironneau. Extrait du catalogue de l’exposition Réconciliations. Henri IV et Rome (1589 - 1610)
L'exposition Réconciliations. Henri IV et Rome (1589 - 1610) au musée national et domaine du château de Pau se propose de réfléchir sur la réconciliation dans les arts dans une perspective historique et dans l'idée d'une paix européenne élargie. Il s'agit également de présenter une promenade henricienne à Rome à travers tous les monuments qui ont gardé la trace de ce formidable élan diplomatique.
En effet, ce projet est consacré aux rapports politiques et artistiques entre Rome et Henri IV, monarque protestant, frappé d'excommunication par Sixte Quint, converti au catholicisme en 1593 mais qui n'obtint sa réconciliation avec le pape Clément VIII qu'en 1595. L'action diplomatique de ce souverain et ses relations complexes avec le Saint Siège furent marquées par la commande d'oeuvres majeures. Cette réconciliation, célébrée et préparée par une abondante littérature politique et partisane prenant pour point de départ la confiance retrouvée entre le pape et le Roi Très-Chrétien, s'étendit aux nations européennes et, à l'intérieur du royaume de France, au corps social tout entier, au-delà des différences de confession et des rancoeurs accumulées au temps des troubles. S'appuyant sur une importante tradition iconographique en milieu romain, les artistes ont traité le sujet selon diverses modalités stylistiques et interprétatives, en écho aux multiples nuances qui animaient le paysage esthétique de la Rome baroque dans les premières années du XVIIe siècle.
Attribué à Guillaume Heaulmé, Henri IV à cheval (détail), Pau, musée national du château de Pau, © RMN-Grand Palais (Château de Pau) / René-Gabriel Ojéda
Du fait de leur importance historique, une place significative sera consacrée aux oeuvres graphiques (livres précieux, estampes et manuscrits) et à la sculpture, notamment avec la présentation de maquettes d'oeuvres de dimensions importantes. Un bref panorama de l'art de la médaille à Rome dans ces mêmes années retracera les faits politiques et les figures principales liés à ce processus de reconstruction d'une alliance entre Rome et Paris. Le parcours sera complété par des oeuvres de grande signification diplomatique, ainsi que par un choix de pièces d'orfèvrerie et de pierres dures, qui viendront signaler d'un éclat précieux les efforts de recherche d'une paix durable en Europe au tournant des années 1600.
Enfin, l'exposition Réconciliations. Henri IV et Rome s'emparera de ces événements artistiques pour inviter à une réflexion sur les différentes modalités de représentation de la réconciliation en tant que motif et valeur de référence : œuvres commémoratives et représentations du souverain dans un geste pacifique (en nouveau Constantin) ou écrasant l'hydre de la discorde civile.