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Le peuple de Paris au XIXe siècle

Article mis à jour le 15/01/20 23:28

Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Exposition du 5 octobre 2011 au 26 février 2012

L'exposition "Le peuple de Paris au XIXe siècle" couvre un XIXe siècle élargi, de la fin de la Révolution française à la Première Guerre Mondiale. Une logique thématique a été privilégiée, plus pertinente qu'un parcours chronologique pour décrire le quotidien populaire.

Le peuple de Paris
Affiche de l'exposition Le peuple de Paris au XIXe siècle


La première salle de l'exposition "Le peuple de Paris au XIXe siècle" au Musée Carnavalet interroge ce qui forge l'identité du peuple de Paris depuis le XVIIIe siècle. Une chronologie récapitule les dates marquantes du siècle. Des cartes et deux maquettes permettent de cerner la topographie du Paris populaire. La capitale connaît alors de profonds bouleversements, avec l'extension de Paris en 1860 et les grands travaux menés par Haussmann, préfet de la Seine sous le Second Empire, et poursuivis sous la IIIe République. L'ensemble des territoires populaires sont évoqués, des quartiers centraux vétustes à la zone, en passant par les faubourgs. Le peuple de Paris, c'est avant tout des provinciaux et des étrangers venus travailler en ville, souvent poussés par la misère. Les migrations alimentent ainsi fortement la croissance démographique.

Au sein de la ruche parisienne, le travail ne manque pas. Les deuxième et troisième salles présentent plusieurs métiers essentiels dans la capitale au XIXe siècle, depuis les « petits métiers » se pratiquant dans la rue aux métiers très qualifiés de l'atelier du grand centre. Les domestiques constituent une catégorie à part, cherchant à se distinguer du peuple dont ils sont pourtant issus. L'imagerie accentue les stéréotypes forgés pour chaque métier, comme en témoignent les figures du portier, souvent dépeint comme désagréable, bavard, ignare, ou de la jolie grisette, aux mœurs prétendument légères.

Les trois salles suivantes tentent de reconstituer le quotidien du peuple, difficile à saisir tant les témoignages populaires sont rares. Vivre à Paris, c'est à la fois trouver un abri pour dormir, en cette période de grave crise du logement, se nourrir, à une époque où l'alimentation occupe une grande part du budget d'une famille ouvrière, mais aussi se vêtir et prendre soin de son corps. Les conditions de logement sont souvent pénibles et caractérisées par un manque d'intimité, que l'on habite un « garni » ou un petit meublé. La cinquième salle s'articule autour d'une immense vitrine centrale au sein de laquelle sont disposés quelques vêtements qui, par un jeu de transparence, sont mis en perspective avec les autres pièces présentées. Un long panorama, constitué des façades des maisons de la rue de Belleville prises par l'Union Photographique Française, permet de restituer l'atmosphère qui pouvait régner dans ce quartier en 1906. Les sociabilités de proximité, les manières de parler ou de se tenir sont autant d'indices des cultures populaires de la capitale. Même si les temps de repos sont brefs, le peuple s'amuse aussi. Les récréations sont simples : une promenade, grâce au spectacle de la rue, un verre au cabaret, une danse dans une guinguette de barrière ou un pique-nique sur les fortif' composent l'essentiel des plaisirs populaires.

Une salle entière est consacrée à Daumier, l'un des seuls artistes portant sur le peuple un regard empreint d'empathie. Fils d'un vitrier marseillais, il peint un peuple digne, ancré dans le quotidien, courbé par la fatigue et les épreuves, qu'il travaille (La blanchisseuse), s'amuse (L'orgue de barbarie) ou s'aime (Le baiser). Ses lithographies – savoureuses et piquantes à la fois – ont un propos caricatural plus marqué.

Le parcours se poursuit sur le thème de l'indigence. Sans être dans la misère noire, on estime à plus d'un quart le nombre de Parisiens souffrant d'une précarité qui peut les faire basculer dans la pauvreté au premier coup dur : la maladie, le chômage, les accidents du travail – contre lesquels il n'existe pas d'assurance – voire le terme du loyer tant redouté. On a souvent recours au Mont-de-Piété lorsqu'il faut se procurer de l'argent pour payer le loyer. La figure du chiffonnier symbolise à elle seule cette précarité au bord de la marginalité. Loin du pittoresque brossant une image idéalisée du peuple de Paris, l'exposition "Le peuple de Paris au XIXe siècle" approfondit des pans souvent occultés de l'histoire de la capitale : les abandons d'enfant, la peur de l'hôpital, la vie dans les taudis, etc. Des institutions sont progressivement mises en place pour venir en aide aux indigents. Pour tenter d'endiguer la misère et les risques sanitaires, on observe une évolution de la philanthropie vers l'assistance publique, l'hôpital devenant dispensateur de soins.

La dernière salle aborde les dangers que constitue, aux yeux des classes dirigeantes, le peuple, perçu comme une classe qu'il convient d'encadrer et de contrôler. Le fantasme des « bas-fonds » révèle de nouvelles peurs sociales liées à l'urbanisation, à l'industrialisation et à la délinquance juvénile. La peur du crime – associée à une certaine fascination pour celui-ci – augmente au cours du XIXe siècle et alimente la vogue des faits divers de la Belle Époque, dont ceux prenant pour sujet les « apaches », ces bandes de jeunes voyous qui auraient semé la terreur au début du XXe siècle à Belleville et Ménilmontant. Le parcours s'achève sur les barricades. Parmi les insurrections qui jalonnent le siècle : l'issue des trois Glorieuses de 1830, de la révolution de 1848 et de la Commune en 1871 en a fait des révolutions. Les terribles répressions qui ont parfois suivi donnent une tonalité dramatique à la fin de l'exposition. C'est pourtant à cette occasion que le peuple de Paris, acteur collectif, entre dans l'histoire. Point d'orgue de l'exposition, une gravure de Bellangé, Les Extrêmes se touchent (1823) met en scène de manière humoristique le mélange des classes, tout en insistant sur les contrastes.



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