Biographies Artistes - Expositions - Galeries & Musées - Lexique

Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen

Un danois à Paris (1892-1902)

Article mis à jour le 30/06/20 01:41

Musée Bourdelle, Paris

Exposition du 29 janvier 2020 au 26 juillet 2020

"Niels Hansen Jacobsen va nous plonger à la fois dans l'héritage de toutes les légendes nordiques, de la mythologie nordique et en même temps va faire resurgir les fantasmes, les rêves, les angoisses ou les désirs que les symbolistes français mettent en œuvre à ce moment-là. Donc, cette exposition singulière est une conjonction entre l'influence du Nord et les rêveries inavouables du symbolisme français. Cette exposition, c'est une plongée dans le rêve, dans l'onirisme, dans le matériau psychique. On plonge dans un univers à la fois fantastique, qu'est l'univers de la mythologie et on pénètre au cœur du symbolisme." Jérôme Godeau, commissaire de l'exposition "Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un danois à Paris", musée Bourdelle, Paris.



Cette première exposition en France consacrée à Niels Hansen Jacobsen (1861-1941) invite à une plongée onirique dans l'univers du sculpteur et céramiste danois, contemporain d'Antoine Bourdelle (1861-1929).

L'exposition "Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un danois à Paris" au musée Bourdelle se consacre aux années parisiennes (1892 à 1902), de N.H. Jacobsen, établi à Paris qui est alors, avec Bruxelles et avant la Sécession viennoise, l'une des capitales du premier symbolisme, nourri des échanges et des amitiés nouées entre écrivains, musiciens et artistes venus de l'Europe entière. L'atelier de Hansen Jacobsen à la Cité Fleurie, boulevard Arago, est le rendez-vous d'un groupe de symbolistes danois et francophiles. Dans ce « couvent artistique », l'émulation est d'autant plus vive que Hansen Jacobsen a pour voisins d'atelier le céramiste et collectionneur Paul Jeanneney, le sculpteur et céramiste Jean Carriès, l'illustrateur et affichiste Eugène Grasset.

Niels Hansen Jacobsen
Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un danois à Paris. Musée Bourdelle, Paris


L'œuvre de Niels Hansen Jacobsen est fortement marquée par un goût pour l'étrange, l'ambigu, voire le macabre - une « inquiétante étrangeté », pour reprendre la formule que Sigmund Freud inventera quelques années plus tard. Ses sculptures renouent avec la mythologie nordique et les légendes scandinaves, avec l'oralité du folklore et le fantastique des contes d'Andersen. Affranchie des canons de l'académisme comme des conventions du réalisme, cette œuvre singulière est néanmoins inséparable des plus audacieuses recherches plastiques de son temps. Participant aux manifestations de la Société nationale des beaux-arts et à l'Exposition Universelle de 1900, Hansen Jacobsen est de fait engagé aux côtés de ceux qui ont favorisé l'éclosion de l'Art nouveau et le rayonnement du symbolisme. Parallèles quoique singulières, les trajectoires de Hansen Jacobsen et de Bourdelle participent toutes deux au rayonnement de ce moment symboliste, dans le sillage de Gustave Moreau et de Paul Gauguin. Elles s'inscrivent aussi dans la modernité ornementale de l'Art nouveau.

L'exposition Hansen Jacobsen au musée Bourdelle donne à voir la genèse et la richesse du langage plastique de N.H. Jacobsen, confrontant un ensemble significatif de plâtres, de bronzes et de céramiques du Danois aux céramiques de Jean Carriès, de Paul Gauguin, de Jeanneney, aux compositions graphiques d'Eugène Grasset, de Carlos Schwabe, d'Odilon Redon, de Frantisek Kupka, aux peintures de Georges de Feure, de Jens Lund, de Gustave Moreau, aux sculptures sataniques de Boleslas Biegas et à une sélection de sculptures, de dessins et de photographies de Bourdelle, lié aux milieux spiritualistes de Montparnasse et à la Rose-Croix. Dans le laboratoire formel du symbolisme, opératoire des années 1890 aux années 1900, l'exposition rend à Jacobsen la place – essentielle – qui lui revient, quand chaque œuvre semble parler « à l'âme en secret sa douce langue natale » (Charles Baudelaire, « L'invitation au voyage », Les Fleurs du mal, 1857).

Conçu autour des cinq sculptures majeures de Hansen Jacobsen, le parcours de l'exposition donne à voir la genèse de son langage plastique élaboré entre 1892 et 1902, en soulignant tout à la fois les emprunts et les correspondances que ce langage entretient avec les prospections les plus audacieuses d'artistes œuvrant à la même époque et puisant aux mêmes sources d'inspiration. Il s'agit de montrer la place déterminante que Jacobsen occupe dans le laboratoire formel du symbolisme.

N.H.Jacobsen
Niels Hansen Jacobsen (1861-1941), Ensemble de coupes, vases, pots, vers 1896-1903. Grès émaillé. Vejen, Vejen Kunstmuseum


La scénographie accompagne cette plongée onirique dans les profondeurs de l'inconscient, entraîne le visiteur sur la pente de la rêverie en faisant jouer les confrontations, les échos et résonances plastiques des œuvres et mises en perspective des diverses sections, en jouant de la théâtralité et de la dramatisation de l'éclairage pour servir au mieux « l'inquiétante étrangeté » de cette petite anthologie symboliste.

La typographie s'inspire de celle que Niels Hansen Jacobsen, inspiré par les pierres runiques des Vikings, taille dans ses monuments à son retour au Danemark.



L'exposition "Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un danois à Paris" est organisée en collaboration avec le musée d'art de Vejen au Danemark. Elle bénéficie de la participation exceptionnelle du Petit Palais - musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

"Il y a de la céramique, de la sculpture. Il y a de la peinture, de la lithographie. Il n'y a pas d'art majeur ou mineur, c'est-à-dire que toutes ces formes, elles tournent autour de quelque chose que l'on n'ose pas regarder face-à-face, que l'on n'ose pas dire, parce que, d'une certaine façon, c'est indicible, et pourtant c'est un secret fondamental. Plonger, éblouir, révéler. On est dans la forêt, on est dans l'aquatique. On est dans plusieurs règnes à la fois : on est dans le règne animal, le règne végétal et dans le règne humain et c'est comme si nous participions de tous ces ordres." Jérôme Godeau, commissaire de l'exposition "Les contes étranges de Niels Hansen Jacobsen. Un danois à Paris", musée Bourdelle, Paris.

Parcours de l'exposition Niels Hansen Jacobsen



Tous droits réservés Ludovic Moreeuw - Contact : contactsite1a@orange.fr - Art contemporain
cookies