La Collection Lambert présente l'exposition "Je refléterai ce que tu es. De Nan Goldin à Roni Horn : l’intime dans la Collection Lambert", une exposition à voir à partir du 27 juin 2020 à Avignon.
La collection d’Yvon Lambert s’est constituée à travers le regard personnel et singulier d’un homme embarqué dans l’amour et la défense de l’art et des artistes de son temps. Les relations nouées avec les artistes, les œuvres acquises (achats, cadeaux…) sont toutes le fruit d’une passion partagée, d’une intimité indéniable avec l’œuvre et son créateur, souvent d’une amitié profonde.
Certains portraits du marchand collectionneur en témoignent avec force, de Cy Twombly à Julian Schnabel, Stanley Brouwn ou Nan Goldin pour ne citer qu’eux, où Yvon Lambert apparaît dans toute sa discrétion, son assurance et son élégance.
Surtout émerge de la collection un corpus d’œuvres directement liées à une réflexion contemporaine sur ce qu’est l’intime en art, ce qu’il offre en termes de possibilités pour représenter nos rapports à l’espace et au temps, à la communauté des hommes et des femmes qui écrivent avec nous le récit collectif de nos vies ici et maintenant.
Nan Goldin, dont la Collection Lambert conserve un ensemble exceptionnel d’une centaine d’œuvres, fait figure de pionnière en la matière, tant son œuvre se constitue, photographie après photographie, comme un interminable journal intime de ce qu’elle nomme ses Obsessions. Chaque photographie est une histoire et la somme de toutes ces images constitue une immense mémoire de ces vies croisées, partagées, dans sa tribu située « de l’autre côté » pour reprendre le titre de son ouvrage The other side dans lequel résonnent les mots de Lou Reed — Hey babe, take a walk on the wild side, I said hey joe, take a walk on the wild side…
L’ensemble conservé à Avignon sera exposé dans sa quasi-totalité pour la première fois et constituera le point d’orgue de cette présentation d’une sélection d’œuvres du fonds permanent ainsi que le point de départ d’une publication du troisième Cahier de la Collection Lambert (après Sol LeWitt et Robert Ryman) dédié à l’artiste américaine.
Associées dans l’exposition aux œuvres de Jenny Holzer, Roni Horn, Vibeke Tandberg, Bethan Huws, On Kawara, Douglas Gordon, Roman Opalka, Cady Noland, Elina Brotherus et bien d’autres, les œuvres de Nan Goldin racontent comment l’artiste engagée dans la représentation de sa propre intimité, dans la confrontation de celle-ci avec le monde qui l’entoure, nous offre la possibilité d’un questionnement collectif ou universel sur une/des vie(s) partagée(s).
Si ce sont des fragments de mondes, des collections d’êtres singuliers qui nous sont présentés dans ces œuvres, ce n’est pas par refus de l’universel mais bien en réponse au monde tel qu’il apparaît depuis les années 1980, celui du repli, du retranchement et de l’atomisation des êtres et des différences. Si comme dans le célèbre slogan des années 1970, « ce qui est personnel est politique !», ces récits de l’intimes constituent autant de possibles pour nous penser collectivement, les uns avec les autres, ici et maintenant.