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Les couleurs du Ciel

Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle

Article mis à jour le 15/01/20 23:28

Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Exposition du 4 octobre 2012 au 24 février 2013

L'expositon "Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle" présente plus de cent vingt œuvres, tableaux, gravures et dessins préparatoires, qui retracent pour la première fois l'histoire de la peinture réalisée pour les églises de Paris au XVIIe siècle.

exposition couleurs du ciel
Philippe de Champaigne, Le sommeil d’Élie. Musée des Beaux Arts du Mans © Cliché Musées du Mans. Conservation : Le Mans, Musée de Tessé


La première salle de l'exposition "Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle" est consacrée au règne d'Henri IV et à la régence de Marie de Médicis. Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Henri IV met fin aux guerres de religion qui avaient fait rage dans l'Europe du XVIe siècle. L'ère de renouveau économique et spirituel qui s'ouvre alors va largement bénéficier aux églises de la capitale. La ville s'accroit, le nombre de paroisses augmente et de nouveaux ordres religieux s'implantent à Paris occasionnant ainsi de nombreux chantiers de construction ou de rénovation d'édifices religieux et autant de commandes de décoration qui rivalisent de faste. Les églises paroissiales et les chapelles privées qu'elles abritent deviennent des supports pour les notables et les élites politiques d'une démonstration visuelle de leur rang et de leur puissance. Il reste très peu de témoignages matériels de cette époque et les rares vestiges sont principalement conservés dans les églises de Paris. Cette première salle présente des œuvres de deux peintres majeurs pour la période : Quentin Varin et Georges Lallemant récemment redécouvert par l'historiographie ainsi que les seuls témoignages conservés de l'œuvre de Ferdinand Elle dont Abraham et Melchisédech et le Frappement du rocher aujourd'hui conservés à Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux.

La deuxième salle de l'exposition est consacrée à l'évolution de la peinture religieuse sous le règne de Louis XIII. La France connaît dans cette période une situation politique plus instable liée notamment à la guerre menée contre l'Espagne à partir des années 1630. Le pouvoir royal reste cependant un ardent défenseur des différents chantiers religieux engagés à Paris. Les travaux de rénovation et de construction d'églises et de chapelles privées se poursuivent à un rythme soutenu. La peinture s'y déploie largement et deux courants artistiques vont se succéder tout au long de cette période. Simon Vouet rentre d'Italie en 1627. Dans la décennie qui va suivre, il regroupe autour de son atelier une génération de jeunes artistes qui développe une peinture décorative religieuse empreinte d'une monumentalité lyrique jusqu'alors inédite en France. Vers la fin des années 1630, une peinture sobre, harmonieuse et mesurée va se diffuser autour de la figure tutélaire de Nicolas Poussin. De nombreux peintres comme La Hyre, Champaigne ou Le Sueur vont se rallier à cette nouvelle tendance picturale qui prend le nom d' « atticisme parisien ». L'exposition présente des exemples illustres de ces deux courants comme l'Adoration du nom divin par quatre saints de Simon Vouet (Paris, église Saint-Merri), Le Songe d'Élie de Philippe de Champaigne (Le Mans, musée Tessé) ou les dessins de Laurent de La Hyre pour la Tenture de la vie de saint Etienne (Paris, musée du Louvre).

La troisième salle du parcours est dédiée à la peinture religieuse au temps de Louis XIV. Très marqué par le souvenir de la Fronde, le souverain se méfie de Paris et y réside de moins en moins mais il ne se désintéresse pas pour autant de la capitale et multiplie les constructions de prestige destinées à faire de Paris une « nouvelle Rome ». L'hôtel royal des Invalides, bâtiment civil mais comportant la construction d'un important sanctuaire, est ainsi le principal monument parisien édifié par Louis XIV à cette époque. Après la frénésie architecturale des années précédentes, les chantiers religieux se font plus rares mais de nombreux décors sont remis au goût du jour à partir de 1660 suscitant ainsi de nombreuses commandes de peintures, principalement pour des retables. Une nouvelle génération de peintres se regroupe autour de Charles Le Brun développant une peinture alliant formules classiques et mise en scène puissante et théâtrale dont le retable de Licherie en donne un parfait exemple. Sont également présentées des œuvres de Claude II Audran, Noël Coypel, Jean-Baptiste de Champaigne, Pierre Mignard ou Jean-Baptiste Corneille.

La quatrième salle s'intéresse plus particulièrement aux commandes de chapelles privées dans les églises de Paris. Parallèlement aux grandes œuvres d'art telles que le maître-autel ou les tapisseries, l'essentiel des œuvres qui ornaient les églises se trouvaient dans les chapelles annexes. Celles-ci pouvaient soit rester la propriété de l'église, soit être concédées à une confrérie de métier ou enfin être acquises par des particuliers issus de l'élite parisienne. Il reste aujourd'hui très peu de témoignages de l'ornementation de ces chapelles privées. Cette quatrième salle en regroupe quelques rares exemples comme les précieux lambris peints par Saint-Igny pour la chapelle de la Vierge à Saint-Germain-des-Prés et récemment acquis par le musée Carnavalet. Leur décor comprend certains éléments indispensables dont le plus important est l'autel surmonté d'une image pieuse. Au XVIIe siècle, le support le plus couramment choisi était un tableau de grand format. Le retable était l'élément le plus précieux de l'ensemble.

La tapisserie, art de l'image par excellence, fut l'un des principaux ornements des églises depuis le Moyen Age. Durant toute la première moitié du XVIIe siècle, cette tradition se perpétua et donna naissance à de multiples tentures dont les cartons étaient confiés aux plus grands peintres. En raison de la fragilité de leur support, il ne subsiste que très peu de traces des nombreuses tapisseries qui se trouvaient dans les églises de Paris. L'exposition évoque quatre des plus célèbres tentures religieuses du XVIIe siècle à travers fragments, dessins et modello peints : la tenture sur la vie du Christ réalisée à la fin du XVIe siècle pour l'église Saint-Merri d'après les cartons de Lerambert ; la tenture de l'histoire de saint Gervais et de saint Protais d'après les cartons de Le Sueur, Champaigne et Bourdon ; la tenture de la vie de la Vierge tissée pour Notre-Dame et dont le musée Carnavalet a acquis de nombreux modello et enfin la tenture de la vie de saint Etienne pour l'église Saint-Etienne-du-Mont (d'après Laurent de La Hyre).

La sixième salle de l'exposition évoque l'abbaye du Val-de-Grâce, le plus vaste chantier religieux de la capitale mené à bien sous la régence d'Anne d'Autriche, qui est aussi l'un des rares ensembles du XVIIe siècle à être parvenu presque intact jusqu'à nos jours. Les travaux d'ornementation, et notamment l'exécution des décors peints, s'effectue en parallèle du chantier de construction. Philippe de Champaigne, assisté de son neveu Jean-Baptiste, signe l'essentiel de ces commandes. L'incontestable chef d'œuvre de la salle est le Sommeil d'Élie de Philippe de Champaigne présenté pour la première fois face à la Manne de Jean-Baptiste de Champaigne. Les deux œuvres se trouvaient en pendants dans le réfectoire du Val-de-Grâce.

Intégré à un vaste ensemble architectural, le dôme des Invalides est l'édifice religieux le plus ambitieux entrepris dans la capitale sous le règne de Louis XIV. Ce chantier regroupe l'ensemble des meilleurs architectes, sculpteurs et peintres de la fin du XVIIe siècle. Cette église royale a fait l'objet d'un vaste programme décoratif, sculpté et peint. Cette septième salle de l'exposition évoque le programme peint dont la réalisation s'est échelonnée sur plus de trente ans. Les peintres ont utilisé une technique assez inhabituelle à l'époque en peignant à fresque et à détrempe. Parmi les esquisses et modello de Jouvenet, Coypel, Louis et Bon de Boullogne, le grand modello de Charles de La Fosse, présenté pour la première fois au public depuis 1974, compte parmi les plus grandes réussites picturales de la fin du siècle.

À la fin du XVIIe siècle, si un visiteur voulait avoir un aperçu complet de la peinture parisienne du siècle, c'est à Notre-Dame qu'il devait se rendre. La cathédrale présentait en effet des œuvres de presque tous les peintres d'histoire les plus renommés. Cette « collection » était en grande partie le fait d'une offrande pieuse, celle du May, instituée par la puissante et riche corporation des orfèvres. Tous les ans, au mois de mai, ses membres offraient un présent à la Vierge et le déposaient à la cathédrale. Les tableaux commandés à cette occasion sont de petites dimensions dans les premières décennies du siècle avant de devenir en 1630 de grands tableaux prestigieux commandés à de jeunes peintres en début de carrière marquant ainsi leur entrée officielle sur la scène artistique. Ces tableaux, aujourd'hui dispersés à travers le territoire, sont évoqués dans l'exposition à travers une série de dessins préparatoires et modello. Au côté de la Pêche miraculeuse de Vignon, l'unique « petit May » retrouvé à ce jour et acquis par le musée Carnavalet, sont présentés des réductions des « grands Mays » de Laurent de La Hyre, Michel Ier Corneille, Noël Coypel, Charles-François Poerson, Joseph Christophe ou Claude Simpol.

La fin du règne de Louis XIV est marquée par un contexte politique troublé où le royaume est entraîné dans de longs et coûteux conflits contre ses voisins européens. Sur un plan personnel, le souverain se tourne vers une pratique religieuse plus suivie qui trouve une illustration politique avec la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Cette évolution eu également quelques retentissements sur l'iconographie royale où la figure du monarque vainqueur laisse place à celle du roi saint. La coupole de l'église royale des Invalides, l'un des plus prestigieux chantiers religieux de la fin du siècle, met ainsi en scène saint Louis aux pieds du Christ. Entre 1690 et 1715 la peinture française connaît une phase de transition, la disparition de grands peintres maîtres comme Mignard et Le Brun laisse un vide qui ne sera comblé qu'après la mort du roi, lorsqu'Antoine Coypel est nommé premier peintre en 1716. Une nouvelle génération d'artistes émerge alors et des peintres comme Jouvenet, De La Fosse ou Coypel vont instaurer un style plus tourmenté, sensuel et exubérant à la manière de Corrège ou Titien. La dernière salle de l'exposition présente ainsi quelques compositions magistrales telles que l'Extrême onction de Jean Jouvenet ou le Saint Germain l'Auxerrois donnant une médaille à sainte Geneviève enfant en présence de la Vierge et de sainte Catherine de Louis de Boullogne.



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