L'artiste franco-suisse Christian Jaccard naît le 2 avril 1939 à Fontenay-sous-Bois.
Au collège puis aux louveteaux, Christian Jaccard apprend le Manuel du gabier et les feux de camps qui le fascinent. Collecteur de fossiles, intéressé par les déchets industriels et les traces d’empreintes, graveur chromiste dans une imprimerie typographique (de 1964 à 1975), il explore les processus d’imprégnation liés à la confection d’outils spécifiques. Nœuds et ligatures, traces, empreintes, pliages, tressages, estampages, tissent son vocabulaire et sa méthode. Alors que son travail le situe dans des préoccupations proches de celles du groupe Supports/Surfaces, aux expositions duquel il a parfois été associé, il n’en a jamais fait partie.
Durant les années 1970, Christian Jaccard travaille avec des outils, des cordelettes qui remplacent le pinceau, laissant leurs empreintes sur le support. Parallèlement, il explore le geste pictural de l’ignition, l’appropriation du feu comme autre outil de marquage. Les combustions lentes ou fulgurantes s’inspirent des pratiques ancestrales de l’écobuage, dites cultures sur brûlis, qui consistent à brûler herbes et forêts pour fertiliser le sol.
De 1977 à 1983, la pratique des combustions suscite de nouveaux ensembles : Anonymes calcinées, Trophées, Toiles brûlées... qui ouvrent une nouvelle voie. Christian Jaccard soumet à la chaleur lente, qui dégrade les pigments colorés, des toiles anonymes (des 17e, 18e, 19e et 20e siècles). L’aspect initial – portraits, peintures d’histoire religieuse ou mythologique minutieusement restaurés – s’en trouve métamorphosé, la combustion attaque certaines parties de l’image pour en laisser d’autres plus visibles.
En 1984, son "chemin de Cendres" rejoint le land art, brouillant encore une fois les pistes pour échapper à toute classification. Christian Jaccard poursuit sa démarche à Bieuzy dans la chapelle de la Trinité, Castennec, dans le cadre de cycles d’expositions "L’Art dans les chapelles".
Lors d’un séjour en Italie naît le concept "le rouge émis" en hommage à l’éruption volcanique du Vésuve. Le feu et la peinture, se diluant, constituent le sujet du polyptique qui présente les variations subtiles issues de leur rencontre sur la toile.
Dans les années 2000, avec ses travaux menés en extérieur, dans des lieux en déshérence comme les friches industrielles, son rapport au tableau s’émancipe sans renier ses origines. L’atelier est un laboratoire nomade et éphémère. Présentés sous la forme de films, les "Tableaux éphémères" procèdent "d’un processus nomade, au cours duquel la combustion du gel thermique libère ses pulvérulences par milliers et constitue progressivement une entité au sein d’une architecture".