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Henri de Toulouse-Lautrec

Biographie Henri de Toulouse-Lautrec

Le peintre français Henri-Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa, plus communément appelé Henri de Toulouse-Lautrec, naît à Albi le 24 novembre 1864, au sein d'une famille issue de la plus ancienne noblesse provinciale. Il décède le 9 septembre 1901 au domaine de Malromé, propriété de sa mère, en Gironde.

Portraitiste de génie, Toulouse-Lautrec immortalise les stars, d'Aristide Bruant à Jane Avril, d'Yvette Guilbert à la Loïe Füller. Familier des maisons closes, il s'attache à la simple réalité quotidienne des prostituées. Le théâtre, la Comédie-Française, le vaudeville ou les scènes d'avant-garde pour lesquelles il conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour la comédie humaine. Toulouse-Lautrec mène sa vie au rythme de sa création. Son travail acharné, mais aussi les plaisirs et l'abus d'alcool altèrerons peu à peu sa santé.

La mère d'Henri, Adèle Tapié de Céleyran, a épousé son cousin germain Alphonse, comte de Toulouse-Lautrec, brillant cavalier, passionné, comme toute sa lignée, de chasse et de chevaux. Lorsque ses parents se séparent Henri reste sous la garde de sa mère. Il grandit entre le château du Bosc, situé au Nord d'Albi dans le Rouergue et le château de Céleyran, près de Narbonne.

En 1872, la comtesse s'installe à Paris, avec le jeune Henri, rue Boissy-d'Anglas, puis à Neuilly. Henri entre au lycée Fontanes (futur lycée Condorcet), qu'il quitte en 1875 en raison de ses problèmes de santé. Doué et travailleur, l'enfant accumule les premiers prix. Pendant sa scolarité Henri rencontre Maurice Joyant (1864-1930), qui sera son fidèle ami, son marchand, son premier biographe et l'un des créateurs du musée Toulouse-Lautrec d'Albi.

Toulouse Lautrec peintre
Photo Henri de Toulouse-Lautrec


Après son départ du lycée Fontanes, la comtesse Adèle prend en charge l'éducation de son fils. Henri de Toulouse-Lautrec découvre l'œuvre du peintre animalier René Princeteau (1843-1914), un ami de son père, et commence à peindre et à dessiner. Il prend des leçons d'équitation et apprend l'anglais. L'un de ses premiers tableaux, La Bécasse, représente un trophée de chasse.

L'année 1878 est marquée par un accident qui se déroule dans le salon de sa maison natale : Henri se lève d'une chaise basse, glisse et se casse le fémur gauche ; un an après, à Barèges, il se fracture l'autre jambe à la suite d'une chute banale. Toulouse-Lautrec ne grandira plus; il mesure un mètre cinquante-deux. Toulouse-Lautrec souffre d'une maladie osseuse d'origine congénitale probablement due au mariage consanguin de ses parents. Elle orientera définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs mois, il occupe en effet ses journées en dessinant, puis en peignant, développant un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu'il avait manifesté très jeune, jusqu'à en faire une vocation.

En 1880, en convalescence à Nice, à Céleyran et au château du Bosc, Henri de Toulouse-Lautrec orne ses carnets de croquis et d'aquarelles inspirés par la chasse. En 1881, après un premier échec, il est reçu au baccalauréat à Toulouse. À Paris, il fréquente l'atelier de René Princeteau et organise sa vie de peintre. Il hésite à intégrer l'atelier d'Alexandre Cabanel et y renonce.

A partir de 1882, Toulouse-Lautrec complète sa formation dans les ateliers du peintre Léon Bonnat, puis de Fernand Cormon, situés à Montmartre. Son immersion dans la vie de la Butte va achever sa mutation : confronté à tous les mouvements artistiques qu'il découvre aux cimaises parisiennes, Toulouse-Lautrec va s'engager dans la modernité et devenir acteur autant que témoin d'une bohème montmartroise qui lui fournit son inspiration.

En 1883, chez Cormon, Toulouse-Lautrec se lie d'amitié avec Louis Anquetin (1861-1932) et Albert Grenier (1858-1925). Il rencontre également Émile Bernard (1868-1941) et Vincent Van Gogh (1853-1890), dont il exécute, en 1887, le portrait au pastel. Il expose au musée de Pau.

Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec, "Monsieur Boileau"


En 1884, Henri de Toulouse-Lautrec emménage avec Albert et Lili Grenier au 19 bis, rue Fontaine, à Montmartre, et commence à fréquenter Le Chat Noir, L'Élysée Montmartre et Le Moulin de la Galette, immortalisé par Renoir. Il peint des portraits de la rousse Carmen et devient l'ami d'Aristide Bruant. Sa parodie du Bois sacré de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) est une manière de manifeste.

En 1885, Bruant expose les œuvres de Toulouse-Lautrec dans son cabaret, Le Mirliton. Les dessins de l'artiste sont reproduits dans le journal Le Mirliton, édité par le chansonnier. Toulouse-Lautrec fait de courts séjours à la campagne chez ses amis Grenier à Villiers-sur-Morin. Il rencontre Suzanne Valadon (1865-1938), avec laquelle il a une liaison tumultueuse.

En 1886, Toulouse-Lautrec loue un atelier au troisième étage du 27, rue Caulaincourt. Ses dessins sont publiés dans les journaux parisiens Le Courrier français, Paris illustré et Le Mirliton. Il envoie au Salon une nature morte au camembert, par provocation. Il invite Van Gogh à venir voir ses œuvres accrochées au Mirliton.

En 1887, Toulouse-Lautrec partage un appartement au 19, rue Fontaine avec Henri Bourges, étudiant en médecine. Il quitte l'atelier de Cormon et peint un grand panneau sur le thème du cirque, qui a disparu. En décembre, il expose avec Anquetin, Van Gogh et Bernard au Grand Bouillon, un restaurant populaire de l'avenue de Clichy. Ce sont les "impressionnistes du petit boulevard", aux sujets de rue et à la manière forte.

En 1888, Octave Maus, qui copréside au groupe des XX à Bruxelles, l'invite à exposer onze toiles dont Au cirque Fernando, premier manifeste du naturalisme repensé, concis, spirituel et dynamique de Toulouse-Lautrec. Le tableau, l'année suivante, ornera l'entrée du Moulin Rouge.

En 1889, Toulouse-Lautrec expose au Cercle artistique et littéraire, rue Volney, et au Ve Salon des Indépendants, auquel il participera jusqu'en 1894, avec Bal du Moulin de la Galette et Monsieur Fourcade. Des critiques remarquent ses toiles favorablement. Le cabaret du Moulin Rouge, qui aura la faveur constante de Toulouse-Lautrec, ouvre ses portes.

En janvier 1890, à Bruxelles, lors de l'inauguration du Salon des XX, Toulouse-Lautrec provoque en duel Henry de Groux, qui s'en est pris à la peinture de Van Gogh (ce dernier meurt en juillet). En mars, il participe à la souscription qui vise à acheter Olympia et faire entrer le chef-d'œuvre de Manet dans les collections nationales. Toulouse-Lautrec présente le Portrait de Mlle Dihau au VIe Salon des Indépendants, « une gifle [...] qui donnera à réfléchir à bien des gens », écrit-il.

peinture Toulouse-Lautrec
Henri de Toulouse-Lautrec, "La danse au Moulin Rouge"


En 1891, Toulouse-Lautrec déménage au 21, rue Fontaine, toujours avec Bourges. Il répond à la commande du Moulin Rouge pour l'ouverture de sa saison d'automne et compose sa première affiche publicitaire, un vrai "coup de poing", dira le critique d'art Thadée Natanson... Suit une série qui va accroître sa renommée auprès du grand public : Aristide Bruant aux Ambassadeurs (1892), le Divan Japonais (1892), Jane Avril au Jardin de Paris (1893)... Il réalisera en tout 357 lithographies et 31 affiches. Les affiches qu'il conçoit s'imposent par leur force et leur magistrale simplification de l'image, et font de lui un précurseur de l'affiche du vingtième siècle. Il participe à l'exposition du Cercle Volney, au Salon des Indépendants, où ses portraits sont remarqués par la presse, ainsi qu'à l'exposition des peintres impressionnistes et symbolistes dans la galerie de Le Barc de Boutteville, 47, rue Le Peletier, avec Louis Anquetin, Émile Bernard, Pierre Bonnard et Maurice Denis. Il rencontre Edgar Degas, qui l'adoube.

En 1892 ont lieu de nouvelles expositions au groupe des XX à Bruxelles, au Cercle Volney et chez Le Barc de Boutteville où ses peintures et son affiche Moulin Rouge - La Goulue sont saluées par la critique, notamment Arsène Alexandre et Roger Marx. Toulouse-Lautrec effectue son premier séjour à Londres. Yvette Guilbert lui commande une affiche avant d'en refuser le projet.

En 1893, Maurice Joyant, son ami d'enfance devenu marchand, organise, à la galerie Boussod et Valadon, la première grande exposition de Toulouse-Lautrec, qu'il partage avec le graveur Charles Maurin (1856-1914). Il rencontre les frères Natanson, directeurs de la Revue Blanche, et se lie à ses collaborateurs, Tristan Bernard (1866-1947) et Romain Coolus (1868-1952), dramaturge avec lequel il court les théâtres, les maisons closes de la rue des Moulins et de la rue d'Amboise. Thadée Natanson et Félix Fénéon, qui rejoindra bientôt la Revue Blanche, soutiennent ses expositions, toujours nombreuses. Il démissionne du Cercle Volney. Toulouse-Lautrec se lie à Jane Avril (1868-1943) et consacre à la danseuse une première affiche pour le Jardin de Paris.

En 1894, Toulouse-Lautrec s'installe au 27, rue Caulaincourt à la suite du mariage de Bourges. À Bruxelles, il expose au Centre de l'Art Nouveau avec Victor Horta et au Salon de la Libre Esthétique (qui a remplacé le groupe des XX). Il voyage en Hollande avec Anquetin et à Londres, où il expose au Royal Aquarium. Il crée seize lithographies pour illustrer un texte de Gustave Geffroy sur Yvette Guilbert.

En 1895, Henri de Toulouse-Lautrec fréquente les Natanson, à Paris et Valvins, multiplie les collaborations à la Revue Blanche, notamment lors du procès d'Oscar Wilde, que la justice anglaise poursuit pour homosexualité. Il expose au Salon de l'Art Nouveau de Samuel Bing. Il exécute deux grands panneaux pour la baraque de La Goulue, qui s'est installée à la Foire du Trône. Pour se rendre à Bordeaux et passer l'été dans sa famille, il embarque au Havre, à bord du Chili. Tombé sous le charme d'une passagère qui se rend à Dakar, il saute l'escale de Bordeaux et débarque à Lisbonne. À partir de ce souvenir, il crée une affiche, La Passagère du 54. Tristan Bernard lui fait découvrir le vélo et le monde des vélodromes. Il fréquente assidûment de nouveaux lieux de boissons fortes: l'Irish and American Bar, rue Royale, et le Cosmopolitan American Bar, rue Scribe. Il y croise Footit et Chocolat.

En 1896, une deuxième grande exposition particulière est organisée par Maurice Joyant dans sa galerie rue Forest, où un espace réservé abrite les scènes de prostitution. Edmond de Goncourt apprend de Geffroy l'intention qu'a Toulouse-Lautrec d'illustrer La Fille Élisa, qui narre le destin libre et terrible d'une jeune prostituée. L'album de lithographies Elles, consacré aux pensionnaires des maisons closes, est publié. Toulouse-Lautrec participe à l'Exposition internationale de l'affiche à Reims. Il expose à Bruxelles et séjourne à Londres en compagnie d'une équipe de cyclistes qui participent à une course organisée par Louis Bouglé pour le compte de la Chaîne Simpson. Des dessins et affiches naissent de cette passion vélocipédiste.

En 1897, Toulouse-Lautrec s'installe au 5, avenue Frochot, à Pigalle. Il participe au IVe Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles et au XIIIe Salon des Indépendants. Il voyage en Hollande avec Maxime Dethomas et à Londres. Il séjourne fréquemment chez Misia et Thadée Natanson dans l'Yonne avec Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, dont le journal témoigne des fréquentes crises de Toulouse-Lautrec dues à l'alcool.

En 1898, Toulouse-Lautrec, qui ne réduit en rien sa consommation d'alcool, grands crus comme spiritueux communs, se rend souvent au Bar Anglais et au Café Weber, rue Royale. Maurice Joyant organise une exposition à la Goupil Gallery de Londres. Mais, pas plus que Manet et Degas, Toulouse-Lautrec ne "convient" au public et aux critiques d'outre-Manche. Toulouse-Lautrec est très affecté par la disparition de Stéphane Mallarmé et de Jean de Tinan.

En 1899, la comtesse Adèle est informée de l'état assez alarmant de son fils : irritabilité croissante, pertes de mémoire, actes incontrôlés, delirium tremens. À la suite d'une crise, Toulouse-Lautrec est interné pour désintoxication en février dans une clinique de Neuilly. Il y réalise de mémoire une série de 39 dessins sur le cirque. On finit par le libérer en mai... Accompagné d'un parent, il séjourne au Crotoy avec Joyant et fait le portrait de l'Anglaise du Star, un bar havrais mal famé. Il séjourne ensuite à Taussat (Gironde) avec Paul Viaud, puis à Malromé.

En 1900, ses lithographies sont présentées à l'Exposition universelle. Il séjourne en Normandie, où il tente de revoir l'Anglaise du Star, et dans le Bordelais. Il passe l'hiver avec Paul Viaud à Bordeaux, où il loue un appartement et un atelier. Sous l'inspiration des spectacles du Grand Théâtre de la ville, La Belle Hélène d'Offenbach et la Messaline d'Isidore De Lara, il réalise une ultime série de chefs-d'œuvre. Il expose à Bordeaux, à l'invitation de la Société d'art moderne.

Rentré à Paris fin avril 1901, il range son atelier, détruit certaines peintures, en signe d'autres et quitte Paris, à la mi-juillet, pour Taussat. Victime d'une hémorragie cérébrale, il est conduit chez sa mère au château de Malromé. Henri de Toulouse-Lautrec meurt le 9 septembre : il n'a pas 37 ans.

Expositions Henri de Toulouse-Lautrec



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