Biographies - Films

Le Loup-garou de Londres (An American Werewolf in London)

Avec David Naughton, Griffin Dunne, Jenny Agutter

Un film de John Landis, 1981, 1h 37

Restez sur la route, ne vous aventurez pas dans la lande


Deux jeunes Américains, David Kessler (David Naughton) et Jack Goodman (Griffin Dunne), font un voyage en Europe. Alors qu'ils traversent la campagne anglaise, ils font une halte dans un pub isolé, le Slaughtered Lamb (« L'Agneau Abattu » en français), situé dans la petite ville d'East Proctor. L'ambiance dans ce pub est étrange : les habitants du village, nerveux et peu accueillants, les observent avec méfiance. Jack, curieux et peu sensible à la tension palpable, remarque un pentagramme dessiné sur un mur et commence à poser des questions à propos de ce symbole. Cette attitude n'est pas bien reçue, et les habitants réagissent de manière froide et distante. Ressentant l'hostilité croissante de l'endroit, les deux amis décident de quitter rapidement les lieux.

En reprenant leur route à travers la campagne anglaise, ils s'écartent imprudemment de la route principale. Très vite, ils se retrouvent perdus en pleine nuit. Alors qu'ils tentent de retrouver leur chemin, ils sont attaqués par une créature féroce et monstrueuse, un loup-garou caché dans les ténèbres. Jack est tué sur le coup, déchiqueté par la bête, tandis que David est gravement blessé, mais sauvé in extremis par les habitants du village.

David est ensuite retrouvé et transporté à l'hôpital, à Londres, où il se réveille après plusieurs jours de coma. Les médecins lui annoncent que son ami Jack est mort, et que lui-même a été gravement blessé. Mais alors que David commence à se remettre de ses blessures, il commence à faire des rêves étranges et inquiétants. Il aperçoit Jack sous une forme macabre, décomposée, qui lui annonce qu'il est désormais maudit : il a été mordu par un loup-garou et, à son tour, il se transformera en monstre à la prochaine pleine lune. Pour mettre fin à la malédiction une seule solution : David doit se suicider.

Au fur et à mesure de sa convalescence, David se rend compte qu’il n’échappe pas à cette malédiction. Alors qu’il commence une liaison avec une infirmière, Alex Price (Jenny Agutter), il se retrouve de plus en plus tourmenté par Jack, qui lui apparaît régulièrement, insistant sur le fait que sa transformation est inévitable. David ne sait plus si ses visions sont réelles ou s'il sombre dans la folie. Puis, un soir, David découvre la vérité sur sa condition lorsqu’il se transforme en loup-garou pour la première fois, tuant des innocents dans les rues de Londres.

Dans un dernier acte désespéré, David cherche à mettre fin à sa malédiction, mais lors de la pleine lune, il perd complètement le contrôle de ses instincts animaux et tue plusieurs personnes. Finalement, dans un affrontement avec la police, David est tué avant de pouvoir trouver une solution à sa souffrance, mettant ainsi fin à son cauchemar.

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Le Loup-garou de Londres, entre humour et horreur

Le Loup-garou de Londres (titre original : An American Werewolf in London), réalisé par John Landis, est l'un des films les plus emblématiques du genre horreur-comédie. Cette œuvre se distingue par son mélange d'éléments d'horreur, de comédie noire et d'innovation technique, en particulier dans ses effets spéciaux.

L'un des aspects les plus frappants du film est la manière dont il jongle entre les genres. Le film commence sur un ton léger et presque comique avec les deux jeunes Américains, David et Jack, en voyage en Angleterre. Leur interaction avec les habitants d'un petit village et leur conversation pleine d'humour créent une atmosphère de comédie absurde, avant que le ton ne devienne progressivement plus sombre et inquiétant après l'attaque du loup-garou.



Ce contraste entre les scènes comiques et horrifiques permet au film de jouer sur les attentes du spectateur, en alternant des moments de tension pure avec des éclats de rire. Le film évite ainsi le piège de l'horreur pure, tout en parvenant à créer une atmosphère de terreur grâce à des moments aussi choquants que grotesques. C'est un équilibre fragile, mais réussi, qui caractérise la signature de John Landis, un réalisateur connu pour ses habiletés à mélanger le comique et le drame (comme en témoigne également son travail sur The Blues Brothers).

Au cœur du film se trouve le thème de la malédiction, incarnée par la transformation de David en loup-garou. Cette malédiction n’est pas seulement une question de monstre extérieur, mais aussi d’identité intérieure. David doit faire face à l’impossibilité de contrôler ses transformations, symbolisant une perte de maîtrise sur son propre destin. Le loup-garou, en tant que créature hybride, représente cette lutte entre l’humain et la bête, l’ordre et le chaos.

La transformation physique de David, l'une des scènes les plus célèbres du cinéma d'horreur grâce aux effets spéciaux de Rick Baker, illustre parfaitement ce thème. La douleur intense qu’il subit et la manière dont son corps se métamorphose en loup-garou sont symboliques d’une lutte interne, d’un combat entre sa nature humaine et animale. La monstruosité de la créature, qui apparaît comme une figure de terreur pour les autres, reflète également les angoisses intérieures de David.

L’idée que David soit "porteur" de la malédiction d'un autre loup-garou est aussi un élément clé de l’histoire, soulevant des questions sur la transmission du mal et l’impossibilité d’échapper à une destinée tragique. La malédiction semble se propager à travers des choix malheureux, un peu comme une tragédie grecque où les protagonistes sont condamnés à répéter les erreurs du passé.

Un des plus grands atouts du film est, sans doute, la transformation spectaculaire de David en loup-garou, réalisée par Rick Baker, qui a remporté l’Oscar des meilleurs maquillages en 1982. Cette séquence, toujours considérée comme l’une des plus impressionnantes du cinéma d’horreur, marque un tournant dans l’utilisation des effets spéciaux en la matière. Contrairement à de nombreux films de l'époque, qui utilisaient des techniques de transformation plus simples, Le Loup-garou de Londres a recours à des effets innovants offrant une expérience visuelle intense et plus réaliste.

La transformation de David est un spectacle d’horreur pure, une succession de scènes viscérales où son corps se modifie sous l'effet de la pleine lune. Le film n’a pas recours aux effets numériques, ce qui confère une authenticité qui est aujourd’hui presque inédite. Le corps qui change, déchire ses vêtements et se transforme en une créature bestiale est un reflet de la perte de contrôle de soi et d’humanité que David subit.

Le film présente également un aspect social intéressant, à travers le contraste entre l’Amérique et l’Angleterre. David, un Américain en voyage en Grande-Bretagne, incarne l’étranger dans un lieu inconnu, ce qui accentue son isolement. L’Angleterre, avec ses petites villes et ses atmosphères sombres et brumeuses, devient le cadre idéal pour l’exploration de l’horreur, renforçant le sentiment de dépaysement et de vulnérabilité. Le contraste entre le ton décontracté des deux jeunes Américains et la gravité des événements qui surviennent souligne la distanciation entre les cultures et les mondes.

Les Anglais, eux, semblent en quelque sorte plus familiers avec le mythe du loup-garou, et leur comportement, à la fois méfiant et déterminé, contraste avec l’innocence de David et son ami Jack. Ce phénomène de l’étranger confronté à des phénomènes surnaturels est un thème récurrent dans le cinéma d’horreur, qui s’empare souvent de l’inconnu pour créer un sentiment de peur et de mystère.

Au-delà de son aspect fantastique, Le Loup-garou de Londres est aussi une tragédie. David, qui ne voulait rien de plus que d'être un touriste insouciant, se retrouve emprisonné dans une destinée qu'il ne comprend pas. La fin du film, où David se transforme en loup-garou et est abattu par la police, est une conclusion tragique et inévitable, une mise en lumière de la fatalité qui pèse sur le personnage. David se débat contre sa condition, mais il est finalement piégé par la malédiction, ce qui rappelle le destin tragique des héros grecs condamnés à des fins funestes malgré leurs tentatives pour changer leur sort.



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